
Une école au service de la guérison
L'initiative d'éducation réparatrice menée par le Global Survivors Fund, la Fondation Neem et des partenaires locaux, dans le cadre d'une subvention d'Education Cannot Wait, aide les survivants de violences sexuelles liées à un conflit à retrouver confiance, liens et joie d'apprendre au Nigeria.
MAIDUGURI, Nigeria, 16 décembre 2025 /PRNewswire/ -- Dans un coin tranquille de Maiduguri, les enfants s'installent à leur place à l'école Lafiya Sarari, les cahiers ouverts et les crayons prêts. La matinée est calme, un sentiment auquel de nombreux étudiants apprennent encore à faire confiance après des années d'insécurité, de déplacement et de perte. Pour eux, l'école est plus qu'un lieu d'apprentissage, c'est un lieu de guérison.
Seize années de violence infligées par Boko Haram et d'autres groupes d'insurgés ont profondément affecté l'enfance, la sécurité et l'éducation d'innombrables élèves dans le nord-est du Nigéria, les écoles et les maisons étant souvent la cible d'attaques et d'enlèvements.
Chaque élève de Lafiya Sarari a connu l'insurrection, et beaucoup continuent de porter le poids de ce traumatisme. Fatima est une élève qui a reconstruit bien plus que ses compétences académiques dans ces murs.
« Ici, j'ai commencé à voir que j'avais un bel avenir », déclare Fatima.
Ses paroles font écho à l'objectif d'une initiative révolutionnaire menée par le Global Survivors Fund (GSF) avec la Fondation Neem et des partenaires locaux, Youth Initiative Against Terrorism et Future Resilience and Development Foundation. Avec le soutien de la subvention Acceleration Facility d'Education Cannot Wait (ECW, Éducation sans délai), ils fournissent une éducation réparatrice et adaptée aux traumatismes aux enfants affectés par les violences sexuelles liées au conflit dans l'État de Borno.
Le retour de Fatima à l'apprentissage
Fatima se souvient du moment où sa vie a basculé en 2014, lorsque Boko Haram a attaqué sa ville.
« L'attaque a été bruyante et nous a tous effrayés. J'ai dû me cacher avec ma famille », déclare Fatima. « Au bout de quelques heures, nous avons pensé qu'ils étaient partis, que personne ne nous sauverait et que nous devions donc nous sauver nous-mêmes. Nous sommes sortis. Boko Haram nous a capturés ».
Ils ont été emmenés dans le village des insurgés, où Fatima a assisté à la mort de son père et a enduré des horreurs qu'aucun enfant ne devrait subir.
Sa famille a fini par s'échapper. « Nous avons marché pendant 11 jours. Nous ne pouvions pas dormir et il pleuvait. Seuls quelques-uns d'entre nous ont pu rentrer. Nous avons perdu beaucoup de proches en chemin ».
Retourner à l'école lui semblait impossible jusqu'à ce qu'elle rejoigne le programme d'éducation réparatrice de Neem à Lafiya Sarari. Elle y a trouvé stabilité, routine et soutien. Après son adhésion, elle a pu à nouveau s'imaginer un avenir.
Son expérience reflète celle de nombreux survivants du nord-est du Nigeria, où l'insécurité et les crises ont forcé plus de 18 millions d'enfants à quitter l'école, selon l'UNICEF. Les risques liés à la protection, tels que les enlèvements et les attaques contre les écoles, se sont multipliés.
Après avoir été libérées ou s'être échappées, les survivantes de Boko Haram ont été confrontées à la revictimisation et à la stigmatisation, elles sont souvent considérées comme souillées ou étiquetées « épouses de Boko Haram », et sont supposées adhérer aux idéologies des insurgés. Les survivantes portent un lourd fardeau psychologique qui perturbe tous les aspects de leur vie.
L'éducation est un droit et une forme de réparation qui aide les enfants comme Fatima à se réintégrer, à acquérir des compétences et à transformer leur avenir.
Une école conçue pour l'apprentissage
À Lafiya Sarari, tous les élèves ont été touchés par l'insurrection et environ 80 % d'entre eux ont survécu à des violences sexuelles liées au conflit. Beaucoup ont eu du mal à reprendre une scolarité classique.
Les progrès éducatifs sont mesurés sur six ans plutôt que sur des critères annuels, ce qui permet aux élèves d'apprendre à leur propre rythme. Le programme met l'accent sur des valeurs telles que la paix, l'intégrité, le respect, l'honnêteté et la tolérance, des valeurs systématiquement visées par Boko Haram.
« L'éducation formelle n'existait pas pour ces enfants », explique Philemon Nyminiba, professeur de biologie et psychologue scolaire. « Parfois, on sent un mur autour d'eux. Grâce à l'art, au mouvement et au soutien individuel, nous les aidons à exprimer ce qui est difficile à dire. »
L'école compte 17 enseignants, deux conseillers et quatre psychologues, tous formés à la prise en charge des traumatismes et aux premiers secours psychologiques. Dans le cadre d'une thérapie basée sur le jeu, le personnel voit remonter à la surface l'anxiété et la colère, des blessures psychologiques souvent ignorées. « Lorsque certains enfants sont arrivés, je ne pouvais pas organiser une séance sans qu'ils ne pleurent. Ils ne se sentaient pas en sécurité. Nous avons dû créer des activités pour qu'ils se sentent libres », déclare un psychologue scolaire.
Réimaginer l'avenir
Avec le soutien de la subvention d'ECW, GSF et Neem aident les enfants à réintégrer l'école dans la dignité, la sécurité et avec un soutien adapté. L'initiative est ancrée dans la co-création avec les survivants afin de s'assurer qu'ils contribuent à définir ce que les réparations et l'apprentissage solidaire signifient pour eux.
Chaque pas en avant compte. Fatima a maintenant terminé le programme et aborde le prochain chapitre avec une confiance renouvelée. Elle est un exemple de résilience et de possibilités, alors que d'autres suivent ses traces en franchissant les portes de Lafiya Sarari. « Presque tout ce dont nous avons besoin pour progresser dans la vie est fourni ici. Cette école nous fait sentir que nous avons de l'espoir », déclare un élève.
Leurs parcours révèlent une vérité puissante : avec le soutien adéquat, l'éducation devient plus qu'une voie d'accès à l'apprentissage. Elle devient un chemin vers la guérison.
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