FLORENCE, Italie, March 26, 2015 /PRNewswire/ --
Au-delà des bonnes intentions, les messages de santé publique concernant l'alimentation devraient reposer sur des données scientifiques meilleures et plus actualisées afin de protéger les gens et d'offrir des avantages sur le plan de la santé, tel est l'avis formulé lors d'une conférence majeure.
(Photo: http://photos.prnewswire.com/prnh/20150324/736074 )
La conférence organisée par l'Associazione Nazionale Medici Cardiologi Ospedalieri (Association italienne des cardiologues) a réuni à Florence des experts internationaux de premier plan dans les domaines de la nutrition et de la recherche médicale.
Michele Gulizia, président national de l'ANMCO (Association italienne des cardiologues) et directeur du service de cardiologie de l'hôpital « Garibaldi-Nesima » de Catane (Italie), a déclaré : « L'alimentation constitue un système complexe : malgré l'attention presque maladive des médias, les informations nutritionnelles relatives aux aliments dans nos assiettes restent insuffisantes. La question des matières grasses est un exemple particulier : diabolisée par le passé, leur utilisation correcte n'a été réhabilitée qu'après 40 années de terrorisme médiatique. La désinformation concerne également les glucides, les protéines et les régimes hypocaloriques qui bannissent complètement certains nutriments ou éléments isolés, y compris en l'absence de preuves médicales à l'appui. Ce type d'informations influe parfois sur les choix nutritionnels de certaines couches de la population ».
Dans le cadre d'un important rapport paru dans le Journal of Clinical Epidemiology, on fait remarquer que les recommandations de l'OMS sont mal diffusées : en fait, même les « recommandations fortes » sont souvent fondées sur des études peu, voire très peu fiables. Après l'examen de l'ensemble des lignes directrices formulées par l'OMS entre 2007 et 2012, les conclusions de l'étude soulignent que 289 des 456 recommandations (soit plus de 55 %) classées comme « fortes » reposent sur des études de qualité médiocre, voire très médiocre [1]. Par conséquent, les lignes directrices qui en découlent ne sont guère crédibles et les incidences sur la santé publique sont donc incertaines. En outre, l'OMS émet parfois des recommandations « conditionnelles » dont les avantages réels ne sont ni mentionnés ni connus. Il s'agit d'une situation assez particulière étant donné qu'à la Deuxième conférence internationale sur la nutrition organisée en novembre 2014 à Rome, les États membres avaient avait décidé à l'unanimité que les documents émis par l'Organisation mondiale de la Santé devraient se baser uniquement sur les meilleures études et sur des preuves scientifiques solides. De plus, les recommandations devraient prendre en compte les études observationnelles multicentriques récemment publiées sur des sujets spécifiques, afin d'éviter des incohérences ou des conclusions dénaturant souvent les faits. Or, il suffit de rappeler que les recommandations figurant dans un récent rapport sur l'apport en sucres ajoutés dans l'alimentation des adultes et des enfants sont fondées sur quatre études observationnelles portant sur le déclenchement des caries, menées au Japon dans les années 60. On retrouve reléguée en note de bas de page la mention selon laquelle les recommandations « conditionnelles » sont formulées lorsqu'il n'y a aucune certitude sur le rapport entre les risques et les avantages ou qu'il n'y a aucun inconvénient à suivre les recommandations en question. Le thème de la conférence était donc le besoin de clarté sur fond de récents débats de haut niveau sur le rôle des éléments nutritifs individuels, comme les graisses saturées, le sucre et le sel dans des affections chroniques telles que l'obésité, les cardiopathies et le diabète de type 2.
Depuis la publication dans les années 70 de la célèbre étude Seven Countries Study[2], qui accusait les graisses saturées de l'augmentation du taux de cholestérol dans le sang et l'incidence des cardiopathies, l'alimentation occidentale a évolué vers des régimes à base d'aliments faibles en gras et en cholestérol. La réévaluation du régime pauvre en matières grasses a entraîné une réaction violente contre le sucre et d'autres glucides, ce qui fait que l'opinion publique est plus confuse que jamais. Qui pis est, les scientifiques sont actuellement en désaccord ayant de la difficulté à décider si les effets néfastes des matières grasses sur la santé sont pires que ceux des glucides. Il faut manifestement revoir la situation, tel que souligné lors de la conférence de Florence.
S'adressant aux participants à la conférence, le professeur Dennis Bier de Houston (États-Unis), a ainsi commenté : « L'approche axée sur un nutriment unique est nécessaire à l'identification des réactions biochimiques au nutriment en question, mais elle ne saurait rendre compte de la réaction globale de l'organisme à un régime complet composé de modèles nutritifs et ingrédients complexes variés ».
Le conférencier suivant, le professeur Furio Brighenti de l'université de Parme, a rajouté : « Les études nutritionnelles futures doivent reposer sur des modèles expérimentaux nouveaux et novateurs basés pas seulement sur les effets biologiques, mais aussi sur d'autres aspects de l'alimentation humaine,comme les composantes psychologiques, culturelles et socialesreliées en fin de compte aux choix alimentaires. »
Le coprésident de la conférence, le professeur Carlo La Vecchia de l'université de Milan, a précisé : « Les 30 années de "phobie des lipides"semblent désormais en désaccord avec la réalité scientifique. Est-ce que la "phobie actuelle des glucides" se révélera également trompeuse ? De nos jours, l'accent devrait porter sur la composition et la qualité globale de l'alimentation au lieu de la quantité totale d'éléments nutritifs ».
http://www.anmco.it
Share this article